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Voyage en mer du héros X

2018

Le « Voyage en mer du héros X » est un projet qui prend la forme d’une micronouvelle. Théodora s’intéresse aux cartographies inventées, en créant des connections entre des îles abandonnées perdues dans l’océan.

L’idée du « jeu », centrale dans son travail, lui permet d’aborder des notions telles que la réapparition, la pénitence, l’exclusion. Inspirée par le livre de Johan Huizinga Homo Ludenselle se concentre sur l’acte de jouer par la mise au point d’un «jeu mental» sans se soucier du résultat. Il s’agit d’une activité qui laisse la place à l’imaginaire et vise à «ranger un désordre». Cette construction commence par un « cadre », avec des limites spatiotemporelles et des règles. Ce cadre peut prendre à la fois la forme d’un livre, d’un châssis de peinture, ou d’une installation… A l’intérieur de ce cadre, Théodora synthétise des univers comme des micro-paysages; espaces intermédiaires entre utopie et dystopie, figuration et abstraction, surface et illusion spatiale. Elle travaille souvent avec des collages de textes et des images, une superposition et un tissage d'archives pour mettre en scène un système «espace-personnages». A travers cela, elle établit un lien entre l’époque de la mythologie antique et l’époque contemporaine, l’idée du temps étant centrale à sa recherche.

Pour « Voyage en mer du héros X » elle s’est inspirée du mythe de l’archipel des Bijagos, raconté dans le film de Chris Marker Sans soleilpour inventer un nouveau jeu. Ce jeu raconte l’épopée d’un héros X se déplaçant en bateau, dont on suit les aventures singulières. Le «plateau» du jeu représente l’itinéraire précis d’un voyage dont le déroulement est prédéfinit. Il ne dépend pas du hasard et du jeu de dé. Un voyage, une cartographie, dix îles, un héros se métamorphosant en dix formes différentes, traversant successivement les espaces pour arriver «jusqu'à la dernière plage, celle où il attendra le bateau pour l'autre monde…».

Les joueurs, qui représentent les différentes transformations du héros, sont tous des personnages empruntés à dix pièces de théâtre modernes et contemporaines, et ont pour dénominateur commun leur appartenance à une autre œuvre. Ils sont comme des « revenants », des « personnages tragiques » hantés par leur propre destin. C’est le cas du roi Lear de la tragédie de Shakespeare dans la version écrite par Edward Bond, ou encore du fantôme du Rouquin chez Koltès, lui-même tiré du célèbre roman de Salinger L’attrape-cœur…Le but de Théodora était de donner encore une fois un rôle à ces personnages fantomatiques en choisissant une île à laquelle chacun serait rattaché…

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